Parking autos pour artistes
L’art contemporain, qu’on l’aime ou le déteste, suscite toujours questionnements et réflexions. C’est ce qui vous arrivera au château de Jouy-en-Josas, face aux 20 mètres de l’impressionnante création du plasticien Arman. Roadbook pour décryptage culturel.
Quand et pourquoi ?
Tout d’abord, 1982, naissance de l’œuvre. C’est la continuité d’un travail débuté dans les années 60, l’accumulation par l’empilement. Ainsi, des créations qui forcent à porter un regard neuf sur la production de masse. Une démarche issue de la problématique du « Nouveau réalisme », l’identité de l’objet dans l’art et la société. Pour faire simple, ledit objet est sujet et matière à la fois, en lui attribuant un autre rôle que celui prévu initialement.
Une approche qui tente de démontrer l’omniprésence de l’art, y compris dans les choses les plus anodines. Bien sûr en utilisant la société de consommation pour en gommer toute notion élitiste.
Un monstre de mensurations. Un rectangle haut de cinq étages, large de 6 mètres sur un socle de 120 M2. Cinquante-neuf épaves de voitures à demi noyées dans une coulée de béton de 1600 tonnes.
Un million d’euros pour un poids total de 2600 tonnes. Un tas d’anciennes que les passionnés s’amuseront à identifier (pas si simple) avant de se poser la question du sens (pas simple non plus !).
Reconnaître les modèles
Parmi elles nous trouverons des Citroën Ami 6, Traction Avant, GS Break, 2 DS,. Mais aussi des Simca Simca 1100, Aronde, 1000, 1307, des Fiat 124, 126, 2 Fiat 500. Les françaises sont présentes avec des Renault R16, Renault 5, Renault 12, Dauphine, Caravelle, Renault 10, Renault 6, Renault 4 fourgonnette.
Bien entendu Peugeot avec ses 504, 104, 204, 304, 404, y figure en bonne place. L’artiste n’ pas oublié la Volkswagen Coccinelle, K70. D’autres grandes figurent sont là, Chrysler 160, Honda S800, Buick Spéciale et Austin mini.
Certainement vous pourrez apercevoir une Opel Rekord C, Ford Escort MK1, Mercedes Benz W110 ou encore une Autobianchi A112
D’ailleurs, les couleurs représentent la répartition des teintes en situation réelle de circulation. Toutes vives, excepté le bleu foncé de certaines, clin d’œil à son copain Yves Klein, célèbre pour ses monochromes du même pigment.
Quelle signification ?
Ainsi, sa forme d’immeuble, ses dimensions, le béton suggèrent l’expansionnisme urbain, les voitures, le flux « sanguin » qui l’alimente. On peut y voir une métamorphose des déchets en croûte terrestre… Je vous laisse juges.
Certainement, l’artiste souhaitait voir l’œuvre pourrir avec le temps. Que pneus et métaux rouillés s’effritent jusqu’à ne plus devenir qu’empreintes en négatif, tels des fossiles… Une visite insolite pour une belle journée d’été.